dimanche 13 septembre 2015

Chers détracteurs...



A vous, toutes les crevures / coulures gauche-chiasses de SINGA :
Je suis volontaire pour vous ouvrir le bide avec une vielle tôle crasseuse et rouillée. Ensuite vous sectionner l’intestin grêle à coup de rasoir, puis attacher les extrémités à un pieu, puis vous faire courir en vous enfonçant des fers chauffés à blanc dans votre sale k ul

Ca, c’est un des messages que nous recevons chaque jour. Il n’y en a pas beaucoup, une vingtaine tout au plus. Pas forcément de la même personne, ou de la même entité. Mais ça pose la question : comment en est-on arrivé à tant de haine ?

Comment quelqu’un derrière son clavier a-t-il eu cette rage en lui, assez pour vouloir détruire des hommes et des femmes qui souhaitent développer la co-construction et le dialogue ?

Je ne comprends pas.

Je comprends éventuellement des personnes qui craignent pour leur culture. C’est normal, en France, nous avons des valeurs censées être intouchables, comme la laïcité, la parité (sic) ou la liberté d’expression, et nous entendons et voyons ce que nous comprenons comme des violations de ces valeurs. Ca fait peur. L’Etat Islamique (puisqu’il est si souvent cité) fait peur. La barbarie qui force à la fuite fait peur.

L’autre fait peur.

Et Singa, ça fait peur ? Proposer une alternative, donner la parole à ceux qui ne l’ont pas, trouver des solutions simples à des situations extrêmement difficiles, pourquoi ça fait peur aussi ?

Question. Dans votre scénario, est-ce que ça finit bien ?
A savoir est-ce que la mère Barbe se tond à la
tondeuse à chiens comme ses semblables en 45 ?

Même de la bouche de personnes ayant subi la barbarie, je n’ai jamais entendu de tels propos. Et pour moi, les bras m’en tombent à chaque lecture d’insultes. Je pourrais être énervée, appeler la police à chaque menace, être scandalisée, pleurer. Je crois que ce qui m’agace réellement, c’est de voir que dans mon propre camp, les réponses sont tout aussi violentes. Ma mère ainsi qu’un ami ont répondu « à mort », « qu’ils crèvent », « faut les enculer ». Et la réponse simple d’un réfugié, que je n’ai jamais rencontré, qui ne me connaît que par téléphone :

Des cons et des gens qui ne regardent pas plus loin que le bout de leur nez on en trouve partout,s'il faut se débarrasser d'eux des villes entières seront vidées de leur substance humaine, alors autant mieux regarder de l'avant, faire le sourd sur ce que peuvent penser les autres et mener son combat tout simplement. Courage à toi.

Tout simplement. Je continue. On continue. A quoi bon s’arrêter pour jouer au jeu de la haine ? A quoi bon répéter à l’infini la peur de l’autre ?

Nous ne pouvons que répondre à notre manière au déversement d’insultes et de haine.

Nous pourrions répondre que oui, en l’occurrence, certains, dont moi, hébergeons des « SDF ». Mais je préfère les appeler par leurs prénoms ou les qualifier d’amis. Rassurez-vous, ils sont français, si jamais vous pensez vous aussi que je suis une traitre à la nation. Nous pouvons répondre que nous travaillons étroitement avec Aurore, et leur centre d’hébergement de la rue de Saint Petersbourg. Que certains parmi nous ont déjà vécu dans la rue. Et si cela peut vous faire plaisir, je suis blanche (une sale blanche d’ailleurs selon certaines des menaces de mort que je reçois régulièrement). Cela fait-il de moi une bonne citoyenne ? Ai-je passé le teste de l’impeccabilité ? Cela renforce-t-il ma crédibilité à faire mon métier selon vous ?

Et pour les sdf et les personnes âgées dans la rue vous avez des chambres, bande de t'as fe merde que vous êtes, vous avez passé des années à détourner les yeux de la pauvreté en France, qui parmi vous a ouvert sa porte à une personne dans la rue.français de mes fesses

Je ne sais pas si j’ai passé des années à détourner les yeux. La question n’est pas vraiment là d’ailleurs, puisque j’ai passé les dernières années à travailler dans le secteur social, et à essayer de trouver des solutions aux problèmes rencontrés par toute personne en situation d’exclusion, à commencer par les enfants, et les personnes âgées. C’est un engagement que j’ai depuis l’âge de 14 ans. Vous voulez encore que je me justifie où cela suffit ? On peut aussi vous raconter comment chacun de nous a aussi vécu des situations d’injustice et d’exclusion sociale…

Mais ces informations sont-elles si importantes? Avez-vous vraiment besoin que je vous raconte ma vie? Notre vie, celle de toutes les personnes travaillant, ayant construit Singa? Avez-vous vraiment besoin de savoir le nombre d’actions que nous avons réalisé non seulement pour les réfugiés, mais pour tous, en partenariat avec d’autres associations, avec des personnes de terrains, des hommes et des femmes « sdf » « français » comme vous dites?

Je dis que je pourrais vous dire tout cela, et c’est évidemment rhétorique de ma part puisque je le fais. Mais je crois que le message principal est le suivant: pourquoi quelqu’un comme vous déverse tant de haine en public? Cherche à briser des hommes et des femmes qui pourraient vous lire? Des réfugiés, des SDF, des vieux, appelez-les comme vous voulez, des hommes et des femmes, qui pour rien au monde ne pourraient valider autant de violence...






dimanche 6 septembre 2015

Conseils aux journalistes qui découvrent les réfugiés


A la rentrée, beaucoup ont parlé des « migrants », des « réfugiés » avec les « invasions » en Hongrie, à nos portes, toussa. Et puis il y’a eu LA PHOTO. Oui, un enfant d’à peine deux ans face contre terre, mort sur une plage. Comme des milliers chaque jour dans le monde. C’est vrai, grâce à cet enfant, beaucoup de citoyens se sont décidés à s’impliquer pour améliorer un accueil trop dégradé et oublié.

Au bureau de Singa, nous avons reçu des milliers de proposition d'hébergement... On était très excités. Imaginez ! Des centaines de messages enthousiasmant chaque jour ! Des milliers de français prêts à contribuer, à rencontrer, à nous rejoindre pour un impact global, un travail de fond, pour et avec des réfugiés statutaires. On a passé la semaine à faire des interviews, gérer les mails, répondre au téléphone.

On ? C’est qui on ? On, c’est des hommes et des femmes passionnés, persuadés que le mot réfugié utilisé tel qu’il l’est actuellement ne fait qu’accroitre les disparités sociales. Des gens de tous les horizons et tous les pays qui veulent faire réaliser à tous que l’asile, c’est un droit fondamental, un moment de reconstruction après la perte de tous ses repères, et surtout un nouveau futur, l’opportunité de créer, de s’épanouir, de se reconstuire.

On a appris à vous connaître et c’est devenu encore plus difficile. En tant qu’entrepreneur, on a du se battre contre nos amis, parfois notre famille, contre des trolls, des crétins ou des désinformés, mais jamais contre les médias ! On a toujours couru après !

Et maintenant que j’en ai fait l’expérience, je réalise que pour certains d’entre vous, vos questions sont répugnantes.

La première et la plus légendaire :

« Pourquoi êtes-vous réfugié ? »

Vous ne vous rendez pas compte de l’impact qu’une telle question peut avoir sur votre interlocuteur ? Vous aimeriez que l’on vous demande comment vous auriez ressenti l’amputation de vos testicules et d’avoir vu votre agresseur les manger en face de vous ? Parce oui, c’est une réalité. Une réalité vécue par certains réfugiés. D’autres ont passé 5 ans ou plus en prison, néons à fond, ongles arrachés, et petit déjeuner à la ratonnade. Imaginez une seconde, une toute petite seconde comment vous vous sentiriez après avoir vécu tout ça ? Merdique ? Oui, ce serait normal. Alors imaginez que vous arrivez à vous en sortir. Que vous recommenciez petit à petit une nouvelle vie. Ca prend des années la reconstruction. Et au bout de ces années, tout va bien, vous êtes enfin redevenu quelqu’un, et là, un crétin à raie sur le côté vous demande caméra braquée sur vous de vous justifier d’avoir l’honneur de bénéficier de son attention.
Vous réalisez un peu mieux ? Ca rentre ?
Alors au delà de tout ça, imaginons, vous n’avez pas vécu tout cela, vous n’avez pas traversé l’enfer, vous vous êtes simplement senti en danger dans votre propre pays, avez reçu des menaces, et vous préférez partir, car vous savez que le danger est réel. Donc pas forcément un trauma grave. Vous arrivez en France et pendant deux ans, vous attendez. Vous attendez, sans avoir le droit de travailler. Vous passez devant des assistants sociaux, des agents de la prefecture, des officiers de l’OFPRA, des juges de la CNDA, le personnel de l’OFII… Et ENFIN, vous avez le droit d’asile, la France vous protège. Il aura fallu des années de justification avant d’en arriver là, se justifier, détail par détail, prouver que vous n’êtes pas un envahisseur, un islamiste, un profiteur, un voleur, et continuer d’entendre à longueur de journée dans la rue, les médias, les réseaux sociaux, que vous en êtes un… Et vous retrouver face à ce même crétin à raie sur le côté qui insiste pour que vous le rassuriez, lui et son public, que vous faites partie des « vrais », des « bons ».

Et encore, vous ne rassurerez jamais ceux qui refusent de l’être.

Alors un conseil : quand vous questionnez un réfugié, parlez-lui du futur. De sa nouvelle vie. Eventuellement de comment il parvient à se reconstruire, sa capacité de résilience.

Autre question : « Qui êtes-vous ? Qu’avez-vous fait dans votre pays? Quel est votre parcours ? »

Je ne sais pas si l’idée vous effleure l’esprit, mais les réfugiés sont des personnes qui sont ENCORE en danger. S’ils sont partis, leur famille ne l’est pas forcément. Elle aussi est en danger. Alors, peut-être qu’un jour, enfin, vous respecterez cette intimité. Lorsque l’on vous demande de conserver l’anonymat de quelqu’un, ce n’est pas juste modifier son prénom ou son nom. C’est sa vie entière qui l’expose. Sa nationalité. Son métier. Cela arrive, oui des réfugiés sont régulièrement assassinés. Par les services secrets de leur pays d'origine, par des mercenaires, des fanatiques. Et il est déjà arrivé que ces meurtres soient liés à l’inattention des journalistes. Et en quelques jours seulement, certains ont été traumatisés par vos questions, et préfèrent le silence, la rue, la solitude, par manque de confiance envers cette société qui les juge.

Aidez-nous à montrer combien être réfugié, c’est être un humain, un héros et ne vous laissez pas devenir un tortionnaire supplémentaire. 


PS : Ne ratez pas mon futur article sur « Conseils aux trolls, racistes, nationalistes et éclaircissement sur pourquoi je suis une « sale blanche traitre à la Nation »