lundi 17 novembre 2014

Bribes d'envers du décor

"Aujourd'hui je suis allé à Roissy. Encore. J'ai récupéré une famille qui est à la rue. Et un homme qui a besoin de dialyse. Urgent. 
- Normalement, les hôpitaux peuvent s'occuper de lui, même s'il n'a pas encore les papiers, il peut y aller en urgence.
- Non, ils l'ont mis à la porte. Trois hôpitaux. Et après je suis allé à la Croix Rouge. Ils ont fermé la porte. Ils n'ont pas voulu nous aider. 
- Mais c'est pas normal! 
- Non, c'est pas normal. On est seuls. Personne ne veut nous aider car nous sommes des étrangers. Toi tu sais pas ce qu'on vit là-bas, ni ce qu'on vit ici.
- Si je sais. C'est mon travail. 
- Non, tu ne sais pas. "

" Nous avons dû annuler notre partenariat avec le collège Balzac. Le directeur pensait que s'ils laissaient des migrants utiliser leurs locaux pour apprendre le français, il pouvait y avoir une épidémie d'Ebola."

"Quand je suis arrivée en France, j'avais un visa Schengen,. J'étais à l'aéroport mais la douane a pas voulu que je passe. Alors ils m'ont mise en prison. 19 jours. Mais il n'y avait pas de chauffage et c'était février. J'avais froid Alice tu sais. Et puis j'avais plus de dents, à cause de la police dans mon pays qui avait cassé.. Comme ça... Avec marteau. Je disais que j'avais le visa, mais ils me croyaient pas. Et après 19 jours, je suis sortie, comme ça. Et ils m'ont dit " vas a la préfecture" et la, les docteurs ont soigné mes dents, puis ils m'ont enfermée en quarantaine. Trois mois. J'ai appris que c'était une maladie grave, la tuberculose. Alors ma demande a du être reportée jusqu'à ce que je sois guérie. Et pendant ce temps, j'ai appris le français. Lors de l'entretien, je comprenais tout et l'agent a vu ça. Ils m'ont dit bravo. Et j'ai eu les papiers. Merci la France! J'ai été soignée et aujourd'hui je suis protégée."


"Moi je suis arrivé tout seul, j'ai rencontré Jesuite Refugee Service une association qui aide les gens comme moi, qui ne connaissent pas la France. Une famille m'a hébergée en attendant les papiers. Maintenant, je suis réfugié, ma femme et mon bébé sont arrivés et ils sont avec moi. Mais c'est dur. Je suis à l'hôtel, avec eux. La chambre est petite et on a pas le droit de faire du lait pour le bébé. Tu sais après j'ai très mal au corps. En prison, on m'a fait très mal pendant longtemps. Mes mains et mes pieds, Avec des clous... Et de l'électricité.... Mon assistante sociale dit qu'ils peuvent se porter caution pour un appartement, mais je ne trouve pas de travail... En France il faut recommencer les études et les logiciels pour la comptabilité ne sont pas les mêmes qu'en Syrie...."

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Aux fins de la présente Convention, le terme "réfugié" s'appliquera à toute personne : (...) 2) Qui craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n'a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner."
Article 1er de la Convention de Genève, 1951.

RÉFUGIÉS(Hist. mod. politiq.2) C’est ainsi que l’on nomme les protestants français que la révocation de l’édit de Nantes a forcés de sortir de France, et de chercher un asile dans les pays étrangers, afin de se soustraire aux persécutions qu’un zèle aveugle et inconsidéré leur faisait éprouver dans leur patrie. Depuis ce temps, la France s’est vue privée d’un grand nombre de citoyens qui ont porté à ses ennemis des arts, des talents, et des ressources dont ils ont souvent usé contre elle. Il n’est point de bon Français qui ne gémisse depuis longtemps de la plaie profonde causée au royaume par la perte de tant de sujets utiles.
Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (1752 - 1772), Anonyme, article « Réfugiés ».