lundi 27 octobre 2014

حرية- Liberté

N. habite loin de chez moi. Elle n’a pas trente ans et n’est toujours pas mariée. Dans un pays où les femmes sont moins considérées que des chaises, ça ne peut qu’augurer un futur sombre.

N. écrit beaucoup sur sa tablette. Elle met souvent à jour son blog, et s’intéresse beaucoup aux mouvances féministes européennes, communique régulièrement avec des auteurs et journalistes célèbres en Occident pour leur lutte en faveur des Droits de l’Homme. Elle rêve de les rejoindre, de boire du thé à leurs côtés, écrire, lire, au delà d’une simple tablette, au moins un journal, si elle pouvait seulement s’attabler à un café dans une rue parisienne.

Mais N. est séquestrée chez elle depuis sept ans. Seule sa mère est au courant pour l’Ipad, et elle ne quitte jamais le domicile familiale sans un « bodyguard », à même de la surveiller sur le marché, dans la rue… Pas vraiment pour sa sécurité, mais plutôt pour qu’elle ne puisse pas de nouveau tenter de s’échapper.

N. a essayé de fuir, dans un élan de courage, ou de naïveté, il y’a sept ans. Depuis, surveillée et enfermée, sauf lorsqu’il s’agit d’aller faire une course, et encore, jamais sans ses hommes de compagnie, elle espère pouvoir un jour quitter ce pays dans lequel son existence n’est pas considérée du fait de l’absence de phallus entre ses jambes. Là bas, les femmes n’ont pas le droit de conduire une voiture, ni de faire leur propres choix. Pour les décisions de vie, telles que les voyages, les déplacement, le passage d’une frontière, les sorties… les femmes saoudiennes doivent être accompagnées d’un tuteur mâle âgé de sept ans minimum.

Intégralement voilées, les femmes ne se déplacent que pour les corvées. Elles ne peuvent librement quitter leur pays, leur ville, et doivent obéissance à leur famille. N. cherche une solution, et pense venir en France, retrouver ses amis virtuels, qui lui promettent un toit et un soutien pour une nouvelle vie. Malheureusement, elle doit trouver un moyen de quitter son pays. La fuite ? Trop risquée… Les faux-papiers ? Prison garantie. Il n’en reste qu’une : une lune de miel. Occasion rêvée de fuir. Voyager à Paris, et profiter d’un moment d’inattention d’un mari pour courir, vite, et ne plus jamais se retourner. Courir vers la maison de ses amis, les rendre réels, vers une préfecture retirer un dossier de demande d’asile, se cacher le temps que le dossier soit instruit, la demande examinée, raconter son histoire devant un agent de l’OFPRA, attendre une réponse et peut-être, au terme de mois de procédure, peut-être obtenir la protection internationale.


On verra bien…