jeudi 9 janvier 2014

"They didn't tell us anything. They came and simply kicked us out. Like that".



Neuf personnes ont été expulsées ce matin d’un appartement dans lequel ils étaient hébergés par le locataire de l’immeuble. Neuf hommes, huit Bangladais et un Birman, vivant dans l’appartement depuis 6 mois. Ils partageaient le local avec le locataire de l’immeuble qui s’en servait également comme bureau.

Ce dernier est, selon les dires des occupants, actuellement en procès avec le propriétaire de l’appartement et en voyage depuis un mois. Les 9 occupants ne parlent que très peu français, certains étaient journalistes dans leur pays, d’autres avocats. Tous sont demandeurs d’asile, donc en situation régulière sur le territoire français, mais n’ont pas le droit de travailler.

Ce matin, la police est arrivée à 10h au 14 boulevard de la Chapelle. Ils étaient cinq officiers munis de brassards, et accompagnée d’une huissière de justice. Cette dernière leur a notamment demandé de partir, très en colère, précisant « Il est temps que ça s’arrête, on est en France quand même ! ».

Les officiers de police ont poussé les occupants à l’extérieur ainsi que toutes leurs affaires avant de mettre en demeure l’appartement. Les neuf occupants sont maintenant devant la porte, et cherchent une solution de repli pour cette nuit. 

J'étais là à 12h30, attendant pour une visite d'appartement lorsque cela se produisait.

Voyant que les occupants ne parlent que très peu français, et ne comprennent pas ce qui leur arrive, je les interroge. Ils me demandent si je suis journaliste, je réponds que non, veulent que je les aide à appeler la presse ainsi que la police. Je leur réponds que malheureusement, la police est déjà là puisque c'est elle qui les expulse. Ils me rétorquent: " the real police'. Là, l'huissier de justice, une femme en fourrure, m'intime de sortir, précisant que je n'ai rien à faire ici. Je lui dis simplement que je peux peut-être aider ces gens, ne serait-ce qu'à comprendre ce qui leur arrive, elle me répond sèchement, "il n'y a rien à comprendre, cela ne vous regarde pas! Je sais ce que je fais et j'ai pas besoin de vous. Il savent très bien ce qui leur arrive". 

Quelques expulsés me rejoignent devant la porte, et m'informent qu'ils n'ont pas été prévenus à l'avance, me disent qu'ils ont besoin d'au moins une semaine pour s'organiser, trouver autre chose. Toutes leurs affaires (et il y en a un sacré paquet), sont devant la porte. Ils me disent que la police a été gentille, mais ferme, mais que c'est surtout the "lady in fur" qui s'est montrée agressive "and a lot of screaming and discrimination". Ashril et Golam de donnent leurs numéros. "If you can help us... We don't know what to do, it is winter...." En pleine trêve hivernale, et bien que probablement notifiée par courrier (la lettre n'ayant probablement jamais été ouverte, le locataire en charge étant à l'étranger, les expulsés ne parlant pas français), l'expulsion est une violence de plus au parcours de combattant de ces requérants à l'asile.

Et ce soir, il y aura 9 paumés de plus, errant dans les rues du 19ème arrondissement.

A moins que... cette histoire soit relayée? Oui, avec un peu de chance, un avocat, une ONG, une influence puisse les aider à trouver une solution d'urgence? Tous connaissent la musique du 115 par coeur, peut-être est-il temps de changer leur répertoire de culture musicale française? 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire