samedi 17 octobre 2015

12 000.

Wow. 12 000.

Douze mille. Ca fait beaucoup. Je ne sais pas si vous avez déjà organisé des soirée avec 12 000 personnes, ou des évènements, mais moi, ça me dépasse un peu. Ca me dépasse parce que nous pouvons constater le pouvoir de tous. Une marche a dit un jour « Pour tout changer, il faut tout le monde », et clairement, là, on a du monde.

12 000, c’est le nombre d’inscrits sur la plateforme CALM, le dispositif qu’on a lancé avec SINGA pour permettre à qui le souhaite d’héberger une personne réfugiée chez soi. Et ça, en un mois seulement. Alors entre les médias qu’il a fallu gérer, les fachos, les critiques, souvent positives, parfois inadmissibles, les gentils qui ne comprennent pas forcément tout, les complexes de Dieu, les journées de 20 heures, les personnes souhaitant adopter des enfants syriens… Entre tout ça, il y’a ce qui domine et ce qu’il reste : le courage de ces propositions.

80.

Quatre-vingt. C’est le nombre d’hébergements mis en place en un mois. C’est des témoignages poignants.

Je viens de parler à un jeune homme. Honnêtement, au départ, quand il a été le 7ème à s’inscrire sur CALM, je ne pensais pas que ce serait aussi simple. Arrivé à 18 ans en France et obtenant rapidement le statut de réfugié, il passe 9 ans dans la rue. 9 ans, c’est putain de long dans la rue, on risque tellement, pour son mental, pour sa vie… Il galère, entre le 115 et des personnes croisées. Et là, il vit chez un couple de personnes retraitées, il apprend l’anglais, il a trouvé un emploi. Il a un toit sur la tête pour la première fois depuis 9 ans.

Un autre jeune homme, que je croise en formation, me dit « Merci ». Apparemment, il héberge un homme qui est musicien. Ils jouent tout deux du même instrument, et ont fait leur premier concert ce weekend.

Une dame nous envoie un témoignage :
« Les Français ont du coeur  et vous en êtes le moteur vous marchez à l'énergie de l'amour pour votre prochain nous sommes le bois qui alimente votre flamme afin que cette flamme ne s'éteigne pas et qu'elle éclaire le coeur des gens ici bas ! »

Un autre :
« Pourquoi témoigner, pourquoi écrire quelques mots sur une chose qui me parait finalement tellement banale ?
Accueillir une personne qui a besoin de se poser, de se reconstruire, d’apprendre et de s’insérer dans une nouvelle société c’est simple, ça se fait avec naturel sans vraiment se poser de questions. Les questions, les peurs et les angoisses font peu partie de mon monde. Je suis de la génération Coluche, j’aime la vie, sourire, rire et prendre les choses à légère mais quand il faut redevenir sérieux sur des vrais thèmes comme la Fraternité et la compassion, je réponds présent. »

Même s’il est parfois difficile de développer le lien :
« J’avais nettoyé toute ma maison. Ca brillait. Nous avions passé le weekend à préparer son arrivée. Mais en arrivant au foyer où nous devions le récupérer, nous l’avons vu, seul, le regard fuyant, son sac plastique à la main. Il venait dans notre belle maison, et il ne voyait pas ce que nous avions préparé pour lui. Cela ne lui importait pas. Il ne voulait que se reposer, et son regard montrait bien que finalement, la propreté et le luxe de ma maison, il n’en n’avait rien à foutre. Ses yeux montraient une souffrance tellement forte que quelques draps propres n’auraient jamais rien pu guérir. »


« Et avec le froid qui arrive, pensez-vous que l’urgence soit plus pressante ? » Comment pourrait-on répondre à cela ? L’urgence, la fameuse. En sortant d’un rendez-vous avec le SAMU social, j’ai appris quelques trucs, notamment que les décès sont plus forts en été qu’en hiver, car le froid suscite bien la pitié, ce qui sauve des vies. Qu’il y’a 15 ans, il n’y avait pas de familles dans la rue. Actuellement, 800 personnes n’ont pas accès à l’hébergement d’urgence en Ile de France. Et enfin, que le misérabilisme n’est une solution pour personne.

Alors, on ouvre nos portes ? On crée du vivre-en-chambre ? On s’y met tous un peu, faisant fi des politiques, et oubliant la misère ? Parce qu’après tout, proposer des draps, une douche, un repas, c’est pas si compliqué ? Après tout, je fais partie des personnes qui cherchent en permanence plus de relations, plus de contacts, plus de vitalité, entre les bars parisiens, et les réseaux sociaux. Pourquoi ça ne démarrerait pas en bas de chez moi, au pas de ma porte ?

Il y’a tant de personnes anonymes et de volonté manifeste de changer le monde. Parce que, et c’est un bon mantra, notre capacité à changer le monde est proportionnelle à notre capacité à créer du lien. Et le lien, il est là, il existe, il ne demande qu’à s’étendre.


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